Le non-jugement. Notre esprit juge tout et en permanence, c’est le fonctionnement habituel de notre condition. Le problème c’est qu’un grande part de nos souffrances (ce qui nous inquiète, nous fait peur ou nous met en colère) vient de ces jugements auxquels nous nous identifions.
Nous culpabilisons, nous reprochons aux autres et à nous même de ne pas avoir fait ceci ou cela, de ne pas avoir fait mieux ou pire encore de ne pas avoir été mieux !
Même si juger ce qui nous semble bien ou mal est très utile pour nous positionner, nous diriger et progresser, je pense qu’il est très important de savoir reconnaitre nos jugements lorsqu’ils nous entrainent dans un cycle de négativité ou lorsqu’ils nous empêchent d’avancer.
Dans cet article je vous parle de ce qu’est le non-jugement, pourquoi il est essentiel pour nous libérer et comment le cultiver nos vies.
Le jugement et ses conséquences
Qu’est-ce que le jugement ?
Pour comprendre cette notion peu habituelle de non-jugement, commençons dans cette première partie par définir ce qu’est le jugement.
Le jugement est une réaction inhérente à notre condition humaine. C’est-à-dire, que c’est la façon naturelle qu’a notre mental de fonctionner. Tout ce que nous percevons ou imaginons passe par un filtre : notre évalue et juge. Des évènements se produisent, ce ne sont que des évènements jusqu’à ce que notre regard (nos filtres, nos interprétations) les colore, les font « devenir » bon ou mauvais.
Le jugement est donc une capacité à évaluer, catégoriser, comparer et interpréter le monde qui nous entoure. Afin de pouvoir nous orienter au mieux.
D’où viennent nos jugements ?
Nous venons de le voir, nos jugements sont générés automatiquement. Mais pourquoi ne jugeons nous pas tous de la même manière ? Lorsqu’une amie arrive en retard à un RDV, je ne me sens pas particulièrement agacée ou impatiente alors que pour mon conjoint la ponctualité est signe de respect !
Nos jugements sont générés à partir de critères subjectifs : nos valeurs, nos règles morales, les normes sociales que nous avons intégrées, nos croyances et nos préjugés 🤨… Tous ces critères se construisent dès l’enfance lorsque nous prenons pour repères nos parents, puis l’école et les groupes dans lesquels nous évoluons. Toutes ces normes et ces valeurs intériorisées dès le début de notre existence donneront naissance à des opinions et des jugements. Ces éléments participent également à la construction de notre identité.
Nous avons alors le sentiment d’être souverain dans nos appréciations et dans nos décisions. C’est-à-dire que nous pensons que nos choix nous sont dictés par notre conscience. Mon fils de 8 ans m’a dit l’autre jour « Ce que je pense et moi c’est pareil ! ». J’ai envie de dire oui et non 😊.
En tout cas, ce qui me semble important de comprendre c’est que nos filtres sont le fruit d’un apprentissage. Or ce que nous apprenons peut nous convenir, être juste pour nous ou pas !

Pourquoi notre esprit juge-t-il en permanence ?
Le mécanisme du jugement nous offre bien des avantages sur le moment. Notre esprit, en produisant des jugements instantanés, nous permet de nous situer par rapport à des normes, de prendre des décisions rapides et aussi de nous protéger.
- Un jugement est suivi d’une réaction : c’est un automatisme qui nous permet de préserver notre survie en cas de danger : quand je me brûle, je retire ma main.
- Se fier à notre jugement nous permet de nous conformer à des règles pour éviter certaines conséquences (être puni, se sentir étrange ou rejetée) : je ne suis pas d’accord mais je ne dis rien car j’apprécie le groupe.
Ainsi notre fonctionnement d’être humain jugeant est fortement lié à l’instinct de survie et notre besoin de conformité.
Les impacts du jugement
Nous avons vu en quoi évaluer constamment le monde qui nous entoure est important pour savoir nous positionner et réagir aux évènements. Cependant nos jugements sont hâtifs, bien souvent non conscients et créent des barrières à notre apaisement et l’épanouissement.
🪳 Si nous écoutons nos injonctions sur la façon idéale ou normale de nous comporter nous finissons par correspondre à une image qui n’est pas nous. Nous nous coupons de vous-même et de notre créativité. Parfois nous ne savons plus qui nous sommes et nous sentons beaucoup de confusion 😕 à l’intérieur.
🪳 En jugeant, nous renforçons en nous une certaine perception des choses et du monde. C’est un peu comme créer des limites 🚫 à notre compréhension et cela nous enferme dans des schémas rigides. Nous tirons des conclusions qui peuvent être fausses ou partiellement fausses et nous ne cherchons pas vraiment à comprendre.
🪳 Nos jugements sont souvent sous-tendus par des attentes 💯 (ça devrait se passer comme ça, un tel devrait se comporter comme ça) qui nous épuisent et produisent de la souffrance.
🪳 Lorsque nous nous attachons trop à nos jugements, nous sommes soumis à nos émotions 🥹 et naviguons entre des hauts et des bas.
🪳 Produire, suivre et croire toutes nos critiques, nos opinions et nos jugements consomme de l’énergie 😩 que nous n’utilisons pas pour nous ressourcer ou trouver des solutions plus créatives !
Ainsi, les jugements peuvent nuire à nos relations et à la connaissance de nous-même. Le non-jugement, en revanche, nous permet d’adopter une perspective plus ouverte, favorisant la compréhension, l’empathie et le bien-être.
Un petit exercice ?
Si vous n’êtes pas convaincus par l’emprise des jugements dans votre vie, je vous recommande ce petit exercice que nous pratiquons dans les cycles de méditation de pleine conscience MBSR : pendant 10 minutes sur votre trajet habituel notez mentalement tous les j’aime, j’aime pas, c’est bien, c’est pas bien sous-jacents à vos pensées.
Habituellement, les participants sont très surpris de la production abondante de nos pensées-jugements. Et cela donne lieu à de riches échanges !

Le non-jugement
Qu’est-ce que le non-jugement ? Pourquoi ne pas juger et comment y parvenir ? Je vous parle de cette attitude fondamentale qui est au centre de nombreuses pratiques spirituelles.
Peut-on vivre sans jugement ?
En fin de compte, juger c’est avoir des valeurs, des opinions et c’est un préalable à chacune de nos actions. Donc à moins d’opter pour une vie monastique (et encore), vivre sans jugement parait impossible !
C’est d’ailleurs une des missions fondamentales de notre cerveau (l’attention sélective). Juger est donc une activité naturelle de l’esprit humain.
Le non-jugement est une attitude de témoin impartial de nos évaluations et de nos opinions sur les autres, sur nous-mêmes, et sur les situations. Et ceci dans une attention de bien-être et d’accroissement personnel.
Qu’est-ce que le non-jugement ?
Le non-jugement c’est donc une attitude qui consiste à suspendre nos critiques. Cela implique de renoncer à la tendance naturelle que notre esprit a de classer, étiqueter ou comparer ce que nous percevons.
Peut-être que vous remarquerez même des jugements sur le fait d’être en train de juger !
Si vous y ajoutez de la curiosité (d’où vient ce jugement ? Il-y-a-t-il une croyance derrière que je pourrais explorer), je vous promets un chemin riche et fertile 😊
Cultiver une attitude de non-jugement
Sans pour autant nous défaire de notre identité, nous apprenons à entretenir à un espace de calme et de neutralité à partir duquel nous allons pouvoir nous ressourcer et accueillir réellement ce qui nous arrive, ce qui se vit et se déploie en nous.
“Rien ne nous trompe autant que notre jugement.” Léonard de Vinci
L’attitude de non-jugement nous permet de voir au-delà de nos peurs et de nos préjugés. Nous développons une vision plus large et éveillée de nous-même, des autres et de nos expérience.
Lorsque nous suspendons notre jugement sur les évènements et que nous tentons de les voir pour ce qu’ils sont (ni bon, ni mauvais) alors nous nous délestons de la charge émotionnelle. Et peut-être qu’à partir de cet espace, nous pouvons nous sentir plus léger et enfin l’esprit plus clair pour choisir d’agir.
En pratiquant le non-jugement, nous cultivons la bienveillance envers nous-mêmes et envers les autres.
En résumé l’attitude de non-jugement :
- Développe connaissance et compréhension de soi et des autres. Nous ouvrons la porte à une compréhension plus profonde de nos expériences, attentes et motivations.
- Autorise une expression authentique de soi et des autres. En évitant les jugements hâtifs, nous permettons aux autres de s’exprimer librement.
- Favorise une sérénité intérieure. Nous apprenons à nous accepter tels que nous sommes. Cela libère de l’énergie que nous pouvons consacrer à des aspects plus positifs de notre vie.
Comment cultiver le non-jugement ?
Vous savez à présent que juger est une tendance naturelle, que notre esprit s’y emploi à tout moment pour nous rassurer. Je vous ai également exposé les limites et les souffrances auxquelles nous exposent cette tendance lorsque nos règles sont trop rigides et si nous n’arrivons jamais à prendre de la distance avec ces jugements.
Je vous propose à présent d’en venir à la pratique du non-jugement. Cultiver cette approche demande une attention consciente et un engagement envers une transformation personnelle. Voici quelques étapes pour vous guider dans le développement du non-jugement dans votre vie quotidienne.
Prendre conscience de vos jugements
La pleine conscience est une super clé pour apprendre à vous détacher de vos schémas et pensées-jugements qui conditionnent vos comportements. En prenant le temps d’observer attentivement ce qui se passe en vous, vous découvrirez probablement des messages de votre petit juge intérieur.
La pratique de la méditation de pleine conscience est un entrainement de l’esprit à être présent à chaque instant. Alors peu à peu avec une attention ‘musclée’ vous explorerez toute la gamme de vos pensées récurrentes, des émotions qui y sont liées et aussi de toutes ces réactions automatiques qui résultent directement des préjugés emmagasinés.
Et bien évidemment, si vous vous surprenez à juger votre propre jugement (oh non, c’est mal je suis encore en train de juger !), souriez 😊 ce n’est pas un drame ! Et félicitez vous de vous en être aperçue.
Parce que comme nous l’avons vu au début de cet article, chaque jugement que notre esprit émet est porteur de nombreuses informations.
Parce que comme nous l’avons vu au début de cet article, chaque jugement que notre esprit émet est porteur de nombreuses informations.
👉🏼 Sur ce que vous croyez bon ou mauvais
👉🏼 Sur ce que vous percevez comme agréable ou désagréable
👉🏼 Sur ce qui a de la valeur pour vous, les limites que vous fixez
👉🏼 Sur ce qui vous fait peur et qu’il vous est plus facile de remettre sur l’extérieur
👉🏼 Sur vos besoins profonds, etc…
Cette simple et difficile attitude de présence sans jugement développe naturellement la bienveillance et la tolérance.
Remplacer le jugement par la curiosité
Lorsque vous surprenez votre mental en train de juger : essayez d’adopter une posture de curiosité et d’ouverture d’esprit. Comme si vous découvriez les faits, les personnes ou vos pensées pour la première fois. C’est l’esprit du débutant (Shoshin dans la tradition zen) !
Sur quoi mon esprit s’attarde ? Quelles sont mes motivations ? Et celles des autres ? Qu’est-ce qui me fait réagir ? Qu’est-ce que je ressens exactement ?
Cette approche d’ouverture et de curiosité ferme la porte de la condamnation et vous amènera doucement sur le chemin d’une plus grande compréhension.
Pratique de l’auto-empathie et de l’empathie
Commencez par pratiquer le non-jugement sur vous-même. En étant conscient de votre dialogue intérieur vous pouvez accueillir l’autocritique et petit à petit laisser place à une posture bienveillante vis-à-vis de vous-même. Reconnaître notre vulnérabilité avec empathie est une grande étape vers la transformation personnelle.
Puis faites de même vis-à-vis des autres en essayant de comprendre les situations depuis un point de vu différent. L’empathie élargit votre perspective, facilitant ainsi la suspension du jugement.
Pratiquez régulièrement
Allez-y pas à pas. Comme toute compétence, le non-jugement s’améliore avec l’entrainement. Intégrez ces attitudes dans votre vie quotidienne, dans vos échanges, vos divagations et réflexions.
Conclusion
Cultiver le non-jugement fait partie du voyage dans notre développement personnel. Avec cette attitude répétée, nous accueillons ce qui est différent et nos relations n’en sont que plus authentiques et nourrissantes.
Le non-jugement n’est pas simplement une clé pour une vie plus libre et épanouissante, c’est aussi aller vers l’amour de nous-même et des autres 🧡
Alors, tenté par l’expérience ?
Hâte de vous lire.
Tamara